mercredi 12 novembre 2008

La petite chambre

Sous la pluie, tout est calme. Cette nuit le vent a arraché quelques touffes rousses aux grands arbres mais il reste assez de couleurs pour habiller la forêt.
Novembre.
Arrêt sur image.
Un souvenir de vendanges.
Tiens, j'avais oublié ce souvenir ! Du fond de ma mémoire, il vient de ressurgir. C'est sans doute le goût de l'automne qui me l'a rappelé ou cet d'oiseau qui vient de chanter.
Après la journée de travail dans les vignes, nous séchions nos vêtements devant la grande cheminée. La chaleur du foyer apaisait les dos meurtris d'avoir dû tant se pencher pour couper les grappes juteuses.
Affamés, nous dévorions autour d'une grande table en buvant le sang de cette terre d'Anjou, un nectar pour nos palais assoiffés.
Quand la fatigue tombait, chacun se pressait d'aller se coucher.
La maison était assez vaste pour accueillir toute notre équipe. Les premiers venus avaient choisi les meilleures chambres. J'étais parmi les derniers arrivés.
La petite pièce du haut n'était ni confortable ni chauffée mais elle était ouverte sur les étoiles.
Je me souviens comme les nuits y étaient belles.
Je me souviens comme j'ai apprécié cette chambre perchée sous le toit de la maison des vendangeurs.

lundi 3 novembre 2008

Magie

14h25,
il m'attend, je vais être en retard à cause des travaux sur la route.
Deux déviations, route coupée, pourquoi suis-je déviée ?
Est-ce un signe qui m'indique que je ne dois pas y aller ?
Déjà deux dîners que je refuse de passer avec lui. J'ai toujours fui son contact, il me fait froid dans le dos. Je n'aime pas le croiser chez mes amis.
Aujourd'hui, j'ai accepté de le rencontrer car il a demandé mon aide.
Je peux l'aider, je peux aussi y laisser des plumes.
C'est le risque. Un risque que je cours avec chaque personne que j'aide de cette façon.
C'est pourquoi je me préserve car des plumes, j'en ai perdu beaucoup. Trop.
J'arrive enfin. Il me guettait, plein d'espoir.
Pas de bavardage inutile, je lui explique la nature de mon travail et les conséquences que cela pourrait avoir sur sa vie. Il est prêt.
Le travail commence. Cet homme est brisé. Je pose mes mains sur sa tête, puis sur ses genoux meurtris.
La magie opère tranquillement, c'est pour moi qu'elle opère car,
d'un coup, je ne vois plus l'homme malsain qu'il me paraissait, mais un être sensible, doux, intelligent et perdu.
Je vois sa beauté et l'enfant qu'il était.
Les mots franchissent mes lèvres avec douceur et font mouche.
Dans cet instant, mon coeur s'adresse à son coeur.
Nous sommes un faisant partie d'un tout.
Je sens qu'il se sent compris et s'abandonne à mes paroles, à mes gestes avec une confiance touchante.
Son visage se détend. Il a un regard pur et innocent.
En repartant, je ressens de la fatigue mais je me demande qui de nous deux a le plus soigné l'autre.
Moi ses blessures ou lui les miennes qui m'avaient fermée à lui ?

samedi 1 novembre 2008

Le Mat



Le Mat avance le nez en l'air, ne semblant pas se soucier d'un chien qui déchire son vêtement, pas plus qu'il n'écoute les scrupules qui pourraient le retenir.
Il marche comme s'il était poussé à tout quitter pour aller vers autre chose, une autre vie.
Vers l'inconnu.
Pour tout bagage un maigre sac. Il ne s'encombre pas de ce qui pourrait alourdir sa marche.
Il laisse le passé derrière lui et seule compte son envie d'avancer.
Est-ce un fou ? Est-ce un sage ?
Il ne regarde pas où il met les pieds. Est-il imprudent ou alors guidé ?
Le Mat est imprévisible. Parfois fou, parfois sage, il est libre d'être ce qu'il veut et suit son intuition.
Il va tranquillement vers un nouveau destin, de nouvelles expériences.