lundi 3 novembre 2008

Magie

14h25,
il m'attend, je vais être en retard à cause des travaux sur la route.
Deux déviations, route coupée, pourquoi suis-je déviée ?
Est-ce un signe qui m'indique que je ne dois pas y aller ?
Déjà deux dîners que je refuse de passer avec lui. J'ai toujours fui son contact, il me fait froid dans le dos. Je n'aime pas le croiser chez mes amis.
Aujourd'hui, j'ai accepté de le rencontrer car il a demandé mon aide.
Je peux l'aider, je peux aussi y laisser des plumes.
C'est le risque. Un risque que je cours avec chaque personne que j'aide de cette façon.
C'est pourquoi je me préserve car des plumes, j'en ai perdu beaucoup. Trop.
J'arrive enfin. Il me guettait, plein d'espoir.
Pas de bavardage inutile, je lui explique la nature de mon travail et les conséquences que cela pourrait avoir sur sa vie. Il est prêt.
Le travail commence. Cet homme est brisé. Je pose mes mains sur sa tête, puis sur ses genoux meurtris.
La magie opère tranquillement, c'est pour moi qu'elle opère car,
d'un coup, je ne vois plus l'homme malsain qu'il me paraissait, mais un être sensible, doux, intelligent et perdu.
Je vois sa beauté et l'enfant qu'il était.
Les mots franchissent mes lèvres avec douceur et font mouche.
Dans cet instant, mon coeur s'adresse à son coeur.
Nous sommes un faisant partie d'un tout.
Je sens qu'il se sent compris et s'abandonne à mes paroles, à mes gestes avec une confiance touchante.
Son visage se détend. Il a un regard pur et innocent.
En repartant, je ressens de la fatigue mais je me demande qui de nous deux a le plus soigné l'autre.
Moi ses blessures ou lui les miennes qui m'avaient fermée à lui ?

4 commentaires:

Michel P a dit…

Hyperréaliste

Anonyme a dit…

Très beau texte intimiste et plein d'empathie.
Je me suis toujours posé des questions sur la faculté de résistance des guérisseurs, de ce qu'ils laissent d'eux-mêmes pour aider les autres à se sentir mieux. On a beau dire qu'il faut, dans ces cas-là, vivre de manière compartimentée.
Entre la théorie et la pratique...

J'aime ta façon d'écrire, Angelina, j'y retrouve une part de moi-même (sans prétention!)

Angelina a dit…

Merci, ton compliment me touche.

Anonyme a dit…

Oui voila le plus délicat dans tout ça
aller vers ceux, vers qui ont irait pas naturellement
comme ces aimants contraires
se repoussant sans raison apparente
juste par, croyance ou par crainte de... on se sait pas finalement.

Et c'est peut-être justement là, qu'il y a le plus à apprendre
faire le premier pas n'est pas chose aisée mais...

On peut comme une phrase qui dit je ne sais plus d'où ni de qui, quelque chose du genre:
c'est chez nos ennemis et n'ont pas chez nos amis que nous apprennont le plus !
(encore faut-il les trouver ces "ennemis" ;)

Amitiés