jeudi 26 février 2009

Choc

Ce matin, le givre fragile fond doucement sous la promesse d'un soleil de presque printemps. Les mimosas explosent dans tous les jaunes et depuis la forêt arrive un parfum joyeux.
Elle vole vite, trop vite. Elle ne voit pas la vitre. Un choc violent, un fracas dans ses yeux, elle tombe en arrière complètement sonnée.
Elle agite ses petites pattes et tente de se redresser en poussant sur ses ailles. Tout près d'elle, son mâle qui veille sur elle. Il gonfle un peu ses plumes tout en me regardant d'un oeil mais il ne bouge pas. Je sais qu'il m'a vue et je ne bouge pas non plus.
Elle remue la tête dans un effort intense, la laisse retomber et s'éteint dans un sursaut. Le mâle ouvre le bec, pousse un cri silencieux et reste là, immobile à la regarder.
Il restera longtemps auprès d'elle, le plus longtemps possible.

samedi 14 février 2009

Repos forcé

Quelque part entre le 10ème et le 12ème niveau, elle errait.
Que de nouvelles parois surgissent ou s'escamotent devant elle, cela lui était devenu égal, elle ne soupçonnait plus d'intention malveillante de la part du concepteur du lieu.
Les parois étaient là pour lui éviter certaines explorations inutiles ou trop dangereuses. Il valait mieux pour elle qu'elle se heurte aux parois plutôt qu'à ce qu'il y avait derrière.
Celles qui s'escamotaient lui ouvraient des mondes étrangers qu'elle devait traverser pour pouvoir continuer d'avancer. Son but, c'était atteindre le douzième niveau.
La traversée des mondes étrangers n'avait jamais été facile pour elle, surtout aux 8ème et 9ème niveaux. C'est là que la plupart de ses compagnons de route avaient disparu. Depuis, elle avançait seule, mais cela lui était devenu égal. Presque plus rien n'avait d'importance.
Elle avait remarqué que plus elle était neutre et plus c'était facile d'avancer. Elle avait aussi compris que la peur est ce qu'il y a de plus dangereux et freine considérablement la progression. C'est pourquoi, elle avait appris à la neutraliser. Cela avait nécessité un gros effort car depuis sa plus tendre enfance on lui avait enseigné à vivre avec la peur, lui faisant croire qu'elle est indissociable de la vie. Neutraliser la peur avait signifié se défaire de tous sortes de conditionnements, attachements, illusions et attentes. Neutraliser la peur avait exigé de faire une confiance aveugle au concepteur du lieu. Car seul le concepteur du lieu pouvait la mener au douzième niveau. Elle n'avait qu'à avancer, attendre que les parois s'escamotent et traverser les mondes.
Mais à présent, elle était fatiguée et avait l'impression de tourner en rond ou d'être coincée entre deux niveaux . Où était-elle ?
Alors, elle s'assit et se parla :
- Tu as besoin de repos.
- Oui, mais je voudrais savoir où je suis.
- Tu sais très bien que tu approches du but.
- Ça fait longtemps que j'approche du but, j'en ai marre d'approcher du but et ne pas le voir.
- Comment ça tu ne le vois pas ? Tu ne vois pas la lumière autour de toi ?
- C'est vrai, tout est plus clair, plus léger.
- Comment te sens-tu ?
- Je sens tout ce qui se passe en moi et autour de moi, mais je suis neutre et tranquille.
- Donc, tu approches du but. Et si tu n'avances plus, c'est qu'il faut te reposer, c'est tout !

vendredi 13 février 2009





mardi 10 février 2009

Le vent

Il y a des jours où les mots sont capricieux. On voudrait les aligner en phrases cohérentes et non, ils refusent et se retranchent derrière des barricades d'idées sauvages. Des idées insoumises et rebelles, de ces idées qui poussent à tout planter là et de s'étourdir ailleurs, par exemple en écoutant le vent qui s'acharne encore un peu contre les arbres déjà meurtris.
Où court-il comme ça ?
C'est la pleine lune, qu'ai-je accompli ces dernières semaines ?
Je me sens comme le temps, le vent qui court, au loin l'orage et la marée. J'entends le vent qui claque contre les vitres, il m'apaise et me remet à ma place mais en même temps m'insuffle une part de lui qui me donne envie de courir, mais je ne sais où, pas encore.

lundi 9 février 2009

LA PAPESSE


La Papesse a beau être à la fois femme, maitresse, prêtresse et magicienne, elle se sent seule. Est-ce parce qu'elle si discrète, presque effacée ? Ou est-ce parce qu'elle attend celui ou celle qui sera digne de son enseignement ?
Inaccessible et mystérieuse, elle ne se livre pas facilement, pas plus qu'elle ne dévoile facilement ce qu'elle sait. Elle est prudente et maîtrise l'art de se taire.
Sur ses genoux, un livre ouvert. Elle a beaucoup appris et étudié, maintenant elle est prête à transmettre son expérience. C'est une initiatrice. Elle a acquis la patience de la mère qui enseigne à l'enfant et de la graine qui commence à germer. Passée experte dans plusieurs domaines, elle est détentrice de beaucoup de secrets, y compris dans l'art d'aimer.
Elle attend de les transmettre mais elle n'est pas pressée, elle sait qu'il vaut mieux laisser les choses arriver à terme.
Derrière elle, un voile. Gardienne du passage qu'il y a au delà, elle prévient ceux qui se présentent à elle :
- Tu veux connaître ce qu'il y a derrière, es-tu prêt ? Dès que tu auras soulevé le voile, tu ne pourras plus revenir en arrière, as-tu bien réfléchi ?
Celui ou celle qui souhaite franchir le voile et apprendre de la Papesse sera à jamais changé car le passage ouvre vers une autre vie.

lundi 2 février 2009

Message de l'aigle

Au fur et à mesure que je prends de l'altitude, mes yeux sont plus perçants.
Je me déploie invincible et plane au dessus du monde. La terre loin en dessous.
Liberté, vision accrue, esprit vif comme l'air.
En moi, l'esprit de l'aigle.
Je tournoie au dessus des émotions et du chaos, nuages de peurs, brumes d'illusions. Je longe une montagne. De là-haut, la vue est plus nette. Incroyable comme je vois les détails.
Soudaine compréhension d'une séquence de vie.
Tout était nécessaire. Tout devait être regardé en face, le beau comme le laid, tout devait être accepté.
Cesser d'être aveugle.
Tout est sa place.
Chaque rencontre est une clé.
Union d'ombre et lumière, parcelle d'univers, chaque être éclaire les autres.
Chaque être est essentiel.
Chaque expérience un cadeau.
L'aigle me ramène à la chaleur des pierres.
Je me sens en paix.